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Gunmen of the west : Rencontre avec le scénariste Tiburce Oger !

26/10
Gunmen of the west : Rencontre avec le scénariste Tiburce Oger !
Après le point de vue de l'homme blanc (Go West Young Man), celui de l'Amérindien (Indians !), ce troisième album s'attaque à un véritable mythe de la conquête de l'Ouest : le hors-la-loi. Cette figure s'est-elle naturellement imposée à vous ?
Tiburce Oger : Quand on parle de western, il est forcément question de shérifs et de voleurs. Cela fonctionne toujours ensemble. Avec Gunmen of the West, j'ai choisi de commencer par m'intéresser de plus près aux hors-la-loi. Mais je souhaitais montrer des desperados différents de ceux qui sont connus du grand public. Nous évoquons les trajectoires de certaines figures, comme Billy the Kid, mais je me suis essentiellement intéressé aux oubliés de l'histoire. Je voulais aussi rappeler que l'on pouvait être un hors-la-loi sans être forcément un homme, ni même un humain...
Hervé Richez : Comme dans les deux premiers albums, on balaye 150 ans d'histoire, là où les hors-la-loi les plus célèbres ont, en général, été actifs dans les années qui ont suivi la guerre de Sécession. Cette galerie de portraits comporte des bandits étonnants, parfois très éloignés des clichés. Le livre explore toutes les strates de la criminalité, notamment à travers des hors-la-loi qui n'auraient certainement pas été amenés à l'être dans d'autres circonstances.
 
Comment parvient-on à se détacher de la légende ?
T. O. : En rouvrant des livres même si, depuis plusieurs années, la conquête de l'Ouest n'est visiblement pas un sujet qui passionne les historiens et les chercheurs. En utilisant aussi Internet, qui offre une masse d'informations gigantesque ! On a désormais accès aux archives américaines, où l'on trouve des choses absolument fascinantes. J'y ai découvert bon nombre de sujets ou d'angles d'attaque. Cette dimension documentaire est très importante pour Gunmen of the West, car je souhaitais raconter des anecdotes sur des personnages ayant réellement existé. Tout est absolument authentique ; contrairement à Go West Young Man et Indians  !, qui se fondent sur des faits historiques, mais dont les récits sont tous fictionnels. J'ai fait ce choix, car j'ai le sentiment que le regain du western en bande dessinée s'accompagne d'une tendance à la surenchère scénaristique et sensationnelle. Pourtant, la réalité dépasse parfois la fiction. L'histoire contient d'innombrables épisodes passionnants et bien réels. Cela m'intéressait de proposer au lecteur une vision qui se soucierait de réalité historique. Sans être didactique, sans faire de cours magistral, et avec toujours un petit twist à la fin ; mon éditeur y tient...
 
Côté dessin, même si l'on compte l'arrivée de trois nouvelles têtes, l'équipe semble se stabiliser...
T. O. : Hervé et moi avons vraiment l'esprit de famille. Les auteurs qui font partie de l'aventure depuis le début, et qui souhaitent participer au nouvel album, ont donc la primeur. Ce qui nous laisse malgré tout la possibilité d'accueillir de nouveaux auteurs. Heureusement, car nous recevons de nombreuses propositions. Cela devient d'ailleurs frustrant, car nous aurions envie de travailler avec tellement de gens. Mais nous souhaitons conserver le même format, et ne pas augmenter la pagination... Pour Gunmen of the West, le casting comprend effectivement trois nouveaux dessinateurs. Cela a été un vrai bonheur de travailler avec Stefano Carloni, qui est d'une gentillesse et d'un professionnalisme exemplaires. C'est une vraie crème ! Pour Olivier Vatine, c'est assez drôle. Nous nous sommes croisés lors d'une séance de dédicaces. Nous avons papoté. Cela faisait au moins vingt ans que nous ne nous étions pas vus. Il m'a rappelé, l'air de rien, qu'il adorait le western. Je lui ai dit : « Quand tu veux ! » Il m'a dit : « Ok, ça marche, alors c'est tout de suite.» J'en ai parlé à Hervé, qui m'a dit poliment qu'Olivier Vatine ne se refusait pas... Quant à Nicolas Dumontheuil, nous ne nous connaissions pas personnellement, mais il nous arrive de discuter via les réseaux sociaux. Lui aussi m'a rappelé qu'il aimait beaucoup le western. Le problème est que je ne savais pas où caser son dessin, dans un album au style graphique plutôt classique et réaliste. Alors j'ai trouvé un artifice, en encadrant son récit par deux pages signées Jef, qui a bien voulu se prêter au jeu. Le contraste est saisissant.
H. R. : Je me permets d'apporter une nuance concernant l'équipe de dessinateurs. Même si nous nous abstiendrons de trop parler de l'album suivant, nous pouvons dire qu'il répondra à Gunmen of the West. À ce titre, avec Tiburce, nous nous sommes dit que les dessinateurs présents dans ce troisième album ne le seront pas forcément dans le prochain. Quoi qu'il en soit, il y aura donc un gros renouvellement de l'équipe graphique dans le prochain livre.
 
Publié initialement comme un one shot, Go West Young Man a effectivement fait des petits, à tel point que les albums seront désormais rassemblés au sein d'une série. Quel impact cette évolution éditoriale aura-t-elle sur les prochains livres ?
H. R. : Fondamentalement, cela ne changera pas grand-chose. Nous conservons le même format et la même titraille, avec simplement l'intégration des couvertures des tomes précédents en quatrième de couverture. Cela facilitera la communication autour de la série, à la fois auprès des lecteurs, mais également des libraires et des journalistes. Il ne faut jamais oublier une chose : Go West Young Man est avant tout un projet d'auteur, pas un coup d'éditeur. Quand Tiburce est venu me voir, peu de gens publiaient encore du western, et les ouvrages collectifs étaient réputés invendables. Mais Tiburce croyait tellement en son projet qu'il a su se montrer convaincant. Et il a eu raison. Que ce soit Go West Young Man, Indians !, et désormais Gunmen of the West, il s'agit à chaque fois d'un vrai livre, avec un fil rouge qui fait le lien entre les différentes parties. C'est bien plus qu'un ouvrage collectif, tant d'un point de vue narratif qu'éditorial.
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