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Rencontre avec Stephen Desberg et Emilio Van Der Zuiden, auteurs de L'Héritage Wagner !

12/05
Rencontre avec Stephen Desberg et Emilio Van Der Zuiden, auteurs de L'Héritage Wagner !
À l'occasion de la sortie de L'Héritage Wagner, découvrez l'interview des auteurs Stéphen Desberg et Emilo Van Der Zuiden !
 
Après Les Anges d’Auschwitz et Aimer pour deux, votre troisième album est une nouvelle fois en lien avec la Seconde Guerre mondiale. Cette époque vous inspire-t-elle particulièrement ?
Stephen Desberg - J’avais dans l’idée de faire une espèce de trilogie, même si les trois histoires ne sont véritablement reliées que par l’époque. Mais cela permettait d’en montrer différentes facettes. Ces trois projets correspondent également à un désir de ma part de ne pas être obnubilé par l’idée de créer une machine de guerre commerciale. J’avais envie de développer des projets personnels. Avec L’Héritage Wagner, je pense que cette parenthèse va se refermer, et que je partirais – avec Emilio – sur autre chose.

Emilio van der Zuiden -Je ne pense pas être particulièrement inspiré par cette période précisément. Mon dessin s’inscrit sans doute naturellement dans ce contexte. J’aime à explorer des périodes et des genres différents. Les Anges d’Auschwitz ont sans doute donné le « la » de cette « trilogie ». Alors que ce premier album est clairement ancré dans la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, Aimer pour deux est un récit beaucoup plus intimiste et personnel de la part de Stephen, qui se déroule durant l’Occupation. L’Héritage Wagner est quant à lui la dernière étape, qui cherche à explorer l’après-guerre.
 
Entretenez-vous un rapport particulier avec l’œuvre de Wagner ?
Stephen Desberg - Wagner, c’est une grande partie de mon adolescence. Ma mère a fait du chant, et mon père a toujours été passionné de musique classique. J’ai donc grandi dans cet environnement, et j’ai découvert Wagner vers 15/16 ans. Je vivais beaucoup à travers toutes ces histoires romantiques et dramatiques. J’étais clairement en décalage par rapport à mes amis du même âge. Avec mes parents, nous sommes allés deux fois de suite au Festival de Bayreuth. J’ai notamment assisté au Parsifal de Pierre Boulez... Richard Wagner m’a toujours fasciné. Et même s’il est mort en 1883, soit un demi-siècle avant l’avènement d’Adolf Hitler en Allemagne, j’ai toujours eu du mal à accepter la relation qui existe entre cette famille et le nazisme. Il y a quelque chose de très ambigu. D’ailleurs mon père, qui était venu faire la guerre en Europe, s’interrogeait sur ma passion pour Wagner. Il aimait la musique, mais le contexte politique qui s’était emparé de son œuvre le mettait mal à l’aise.
Emilio van der Zuiden - Quasiment aucun. Mise à part La Chevauchée des Walkyries dans une des plus célèbres séquences du cinéma, je n’ai jamais été un grand amateur de Wagner. Et seul le Prélude de Tristan und Isolde m’a servi de BO durant la fabrication de cet album. Ce livre est véritablement né de la passion de Stephen pour la musique wagnérienne. Pour ma part, ce qui m’a attiré dans ce projet était l’exploration de l’univers de Wagner, non pas à travers la mythologie qui sert souvent à le représenter, mais à travers les hommes et les femmes qui l’ont façonné.
 
Dans votre album, vous rappelez que la famille Wagner a été largement épargnée par la dénazification. Comment est-ce possible, vu leur degré d’intimité avec le Führer ?
Stephen Desberg - La famille Wagner fait d’une certaine manière partie de l’aristocratie allemande. C’est en tout cas une institution. Toutes les querelles de succession ont été très suivies et commentées en Allemagne. Le statut des Wagner est dû à la place très importante qu’a occupée et qu’occupe encore l’œuvre de Richard Wagner dans la culture allemande. Cela dépasse le cadre de la musique. Par exemple, l’homosexualité de Siegfried Wagner, le fils de Richard, est parfaitement documentée. Mais c’est une chose dont on parle le moins possible. Il règne une sorte d’omerta. On ne touche pas aux Wagner...
Emilio van der Zuiden - Certains des vainqueurs de la guerre ont été très « indulgents » vis-à-vis de nazis notoires. La dénazification a été très longue et douloureuse en Allemagne. Et le monde a immédiatement été entraîné dans la guerre froide… Pour mieux comprendre, ou tout du moins essayer d’accepter cet état de fait, il faut peut-être replonger dans le contexte de l’époque. Les Wagner ne sont pas les seuls acteurs de la vie culturelle allemande à être passés au travers des mailles du filet. Et on retrouve des cas identiques dans les sciences, l’industrie, ou la politique. Nous effleurions d’ailleurs déjà ce sujet dans Les Anges d’Auschwitz.

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