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Indians : Découvrez l'interview de Tiburce Oger et Hervé Richez !

26/10
À l'occasion de la sortie événement de l'album Indians, découvrez l'interview du scénariste Tiburce Oger accompagné par l'éditeur Hervé Richez !
 
Que vous inspire le succès de Go West Young Man, tant d’un point de vue artistique qu’éditorial ? Tiburce Oger : Ce n’était pas gagné d’avance, les albums collectifs ayant la réputation de ne pas plaire aux lecteurs. J’adore prendre à contre-pied les certitudes fondées bien souvent sur un seul exemple malheureux. Le casting formidable a forcément attisé la curiosité des lecteurs. Les bonnes critiques ont confirmé que ce livre était avant tout un projet de passionnés, et pas un coup éditorial. Quand on ne se moque pas du lecteur, il le voit.
Hervé Richez : À l’origine, Go West Young Man est un livre voulu par un auteur. Il ne venait pas d’une volonté éditoriale, pour ne pas dire commerciale. Je crois que cela n’aurait pas marché si un éditeur avait initié le projet. En clair, c’était un album sincère dès sa conception. Cette sincérité vient de la passion du western chez Tiburce. Sa connaissance du genre est quasi encyclopédique. Cela m’a surpris de constater que beaucoup d’auteurs de Go West Young Man avaient le même niveau de connaissance de la Conquête de l’Ouest. Dès lors, les récits, en plus d’être servis par les plus grands dessinateurs du genre, avaient une justesse documentaire qui transpire dans l’album.
 
À la publication de Go West Young Man, aviez-vous déjà en tête cette suite ?
T. O. : Indians est venu de ma frustration après la sortie de Go West Young Man. L’aventure avait été si passionnante. Réunir tous ces auteurs, écrire un recueil d’histoires courtes avec un vrai sujet : c’était Noël chaque jour pendant six mois ! Et tout ce bon stress devait s’arrêter ? Il me fallait retrouver cette adrénaline. Hervé était également partie prenante sur ce projet, relisant et décortiquant chaque scénario afin de traquer les incohérences ou les faiblesses. Il a le métier de scénariste dans la peau. Il a immédiatement accepté l’idée d’une suite. En fait non : il a bien dû se passer trois longues secondes avant qu’il dise banco.
H. R. : J’ai tellement envie de répondre que tout était prévu d’avance, que tout cela vient d’une vision éditoriale acérée, que l’éditeur est le guide sur le chemin du succès… Bref, je vous laisse en déduire ma réponse...
 
Faire un second tome, qui répondrait au premier à la façon d’un miroir, était une évidence pour vous ?
T. O. : Prendre comme thème principal le point de vue des peuples autochtones d’Amérique du Nord était une évidence. Mais également un réel défi.
H. R. : Je crois qu’il faut également ajouter qu’il y avait une envie de faire un album référence sur les Amérindiens. Pour ma part, j’avais été passionné par les livres de Hans Kresse quand j’étais enfant. C’est un point commun que je partage avec Dominique Bertail, qui dédie d’ailleurs son récit à Kresse dans Indians. Je voulais qu’on retrouve le genre d’émotions que me provoquait cet auteur. Je souhaitais également qu’on fasse comprendre qu’il n’y avait pas une nation indienne, mais bien une mosaïque de peuples parfois très différents, qui avaient comme point commun de faire l’objet d’une invasion. Tiburce a superbement réussi à faire transparaître tout cela.
 
Cette fois, pas de montre en or qui traverse 150 ans d’histoire américaine, mais la figure de l’aigle qui revient sans cesse...
T. O. : L’aigle est un animal sacré pour les Amérindiens. Dans certaines tribus, l’Homme est issu d’un aigle qui s’est trop approché du soleil et, se brûlant les ailes, est retombé sur la Terre. Il symbolise le courage et la vérité. Ironiquement, il est devenu le symbole de l’Amérique des colons, récupéré jusque sur les billets de banque.
 
Comment avez-vous composé votre nouvelle équipe ?
T. O. : Certains auteurs de Go West Young Man ne pouvaient pas participer à Indians. Ils étaient très pris par des albums attendus, et les emplois du temps ne sont pas forcément compatibles avec des projets comme le mien. J’ai une liste d’auteurs qui ont travaillé sur des westerns, et dont j’admire le travail. Je n’avais pas pu avoir tout le monde sur Go West Young Man. Indians m’a permis de collaborer avec de nouveaux auteurs qui ont fait un travail fabuleux, qu’il s’agisse d’icônes du métier comme Derib, Mathieu Lauffray, Dimitri Armand, ou d’artistes plus jeunes. Tous ont joué le jeu avec une gentillesse épatante. C’est ce qui me touche le plus sur cette aventure  : la générosité de tous ces grands auteurs.
H. R. : Tout est dit. J’ajouterai seulement qu’il y a presque une notion de confrérie dans Go West Young Man et Indians. Les dessinateurs se respectent tous entre eux, ont tous de l’admiration les uns pour les autres, et étaient tous guidés par une envie : être à la hauteur des confrères. Cela donne au final un album qui est magnifique graphiquement.
 
La réalisation de l’album a-t-elle été compliquée par ces changements au sein de l’équipe artistique ?
T. O. : Il m’a fallu réajuster plusieurs histoires entre elles, en retirer ou en ajouter certaines. C’est un casse-tête qui empêche un peu de dormir. Trouver les auteurs pour remplacer certaines défections n’a pas posé de problème. Jef, Dimitri Armand, Laurent Astier, et Chris Regnault ont été ravis d’être contactés. Ils ont sauvé la sortie de l’album pour cette année. Leurs pages sont magnifiques, ce sont des Indiens dans l’âme.
H. R. : Cela a forcément pris un peu d’énergie. Mais, au final, ce sont huit nouveaux auteurs qui ont participé à l’ouvrage, ajoutés aux neuf « grands anciens » (notez les guillemets !) qui étaient déjà présents dans Go West Young Man. Du coup, Indians présente une forme de continuité avec Go West Young Man, tout en étant extrêmement « neuf ». On n’est pas dans la réplication d’un modèle, même s’il y a des points communs évidents.
 
Pensez-vous à un troisième livre ?
T. O. : Bien sûr !!!
H. R. : Il y a deux choses un peu magiques avec ce projet. Premièrement, il nous permet de travailler avec des auteurs qui sont très pris par ailleurs, et qui n’auraient pas le temps de développer une série ou un album chez nous. C’est une formidable opportunité pour nous de continuer à apprendre sur la relation éditoriale, car ce sont tous des gens de grande expérience. Deuxièmement, il a amené de grands noms du dessin à nous approcher afin de faire partie de cette aventure. Ce qui prouve que le western fait toujours rêver, et que notre métier est bien l’œuvre de passionnés. Dès lors, vous comprenez que nous allons envisager ce troisième livre, mais en étant intransigeant sur la sincérité du projet...
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