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Prenez le maquis avec l'historien Jean-Yves Le Naour !

12/05
Prenez le maquis avec l'historien Jean-Yves Le Naour !
Du Vercors au Pays basque, l’historien Jean-Yves Le Naour signe deux albums consacrés à la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Avec Vassieux-enVercors et Le Réseau Comète, le grand historien nous entraîne au cœur du maquis et nous démontre que, si la lutte contre l’occupant a pu prendre des formes multiples, ses acteurs partagèrent tous une abnégation et un courage hors norme.
 
Parlons d’abord du Vercors. Peut-on dire qu’il s’agit du premier foyer de résistance armée et organisée et pourquoi les choses ont-elles pris forme là-bas plutôt qu’ailleurs ?
J-Y Le Naour : Ce n’est pas le premier maquis de France mais il s’y constitue très tôt, dès 1942, prend de l’ampleur en 1943 et devient un espace libéré dès juin 1944. La configuration du terrain y est pour beaucoup, un haut plateau qui donne l’impression d’une forteresse naturelle. Les Allemands tiennent la vallée, mais ne maîtrisent pas la montagne.
 
Le Vercors s’est-il soulevé « trop tôt » comme il est dit en introduction de l’album ?
J-Y Le Naour : En 1943, les Alliés avaient travaillé sur un plan appelé « Montagnard » où le Vercors devait se soulever au moment du débarquement de Provence (qui aura lieu le 15 août 1944). Sa mission aurait été de couper la vallée du Rhône, de paralyser les arrières de l’ennemi. Mais dès juin 1944, le Vercors s’érige en territoire libéré. Deux mois trop tôt. Les Allemands ne vont évidemment pas tolérer cet abcès de fixation.
 
Le rôle du réseau Comète, au Pays basque, est moins connu du grand public. Pour quelle raison ? J-J-Y Le Naour : Sans doute parce qu’il a été créé par des Belges – à commencer par Andrée de Jongh, une jeune femme de 25 ans ! – mais aussi et surtout parce que c’est un réseau de l’ombre, sans coups d’éclat, qui ne porte pas d’armes, mais dont le travail est essentiel : sauver les aviateurs alliés abattus en Belgique et les faire passer en Espagne. La mémoire des maquisards a toujours été plus forte que celle des réseaux d’évasion, et pourtant c’est le même courage et le même combat.
La BD tient un rôle très important dans ton travail. Celle-ci a-telle à tes yeux une mission particulière dans le devoir de mémoire ?

J-Y Le Naour : L’historien-scénariste que je suis se méfie de la notion de devoir de mémoire car on ne peut ordonner de se souvenir ou d’oublier. Mais il est vrai que derrière ces récits historiques, il y a une volonté de transmission, et je crois que la BD, comme le cinéma ou le roman, sont les médias les mieux à même de raconter le passé dont nous sommes les héritiers. Ces BD sont comme un petit monument, un hommage à ceux qui ont le courage de se battre pour ne pas vivre à genoux.

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