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Le Dernier quai : Interview de l'auteur Nicolas Delestret !

18/04
Le Dernier quai : Interview de l'auteur Nicolas Delestret !
À l'occasion de la sortie du one-shot Le Dernier quai, découvrez notre interview de l'auteur Nicolas Delestret ! 
 
Après La Maison aux souvenirs, vous signez un nouveau récit en solo. Pouvez-vous nous raconter dans quel contexte est née cette histoire ?
Ses prémices remontent à plusieurs années. Les premières images qui me sont venues – celles qui ont défini le début de l'intrigue et l'univers du Dernier quai en général – sont celle d'un conducteur de train qui amène des gens morts d'un point à un autre. Il vit seul et, un jour, quelqu'un toque à sa porte, mais il ne sait pas quoi en faire car cela rompt ses habitudes. Le récit a ensuite beaucoup évolué entre ces premières idées et la version définitive, que j'ai terminée juste avant le début de la pandémie. Il est vraiment pensé en deux parties, une première avec une ambiance fantastique et mystérieuse, dans laquelle j'installe mon intrigue et mes personnages ; et la seconde plus intime, où j'évoque le passé d’Émile, le personnage principal, à travers des flash-back. J'essaye de mélanger tout cela, car les aspects « humain » et « tranche de vie » m'intéressent au moins autant que la dimension « enquête » ou « mystère ».
 
Émile, justement, est un personnage particulièrement incarné, à tel point qu'il semble réel...
Le Dernier quai n'est pas un récit autobiographique. En revanche, j'ai vécu pas mal de choses personnelles qui m'ont amené à traiter certaines thématiques, notamment le déni. Il se trouve que j'ai vécu avec quelqu'un qui s'est construit dans le déni. J'ai pu me rendre compte à quel point c'était quelque chose de complètement dingue. Tant qu'on ne l'a pas vu de ses propres yeux, il est difficile d'imaginer jusqu'à quel point cela peut aller... Émile, c'est un peu un mélange de cette personne, avec qui j'ai vécue, et de moi qui, à cette période-là, faisait tout pour les autres, et ne pensait pas réellement à moi. Par ailleurs, le souvenir est un sujet récurrent dans mes histoires. Cela me touche de savoir que l'on se construit tous à partir de souvenirs, qui ne sont pas toujours très justes. J'évoquais déjà cette intérêt dans La Maison aux souvenirs, et même dans le troisième tome des Enquêtes d'Andrew Barrymore. Ce sera moins le cas dans les scénarios sur lesquels je suis actuellement en train de plancher. Je pense en revanche que mes histoires conserverons toujours une dimension onirique. J'aime beaucoup l'idée et le principe du rêve, et la poésie qui s'y rattache ; des éléments qui sont finalement voisins de ceux liés aux souvenirs.
 
L'hôtel des limbes dans laquelle évoluent vos personnages est bordée par une forêt peuplée d'ombres. S'agit-il d'une sorte de purgatoire ?
C'est une espèce d'enfer que l'on s'impose à soi-même. Cela représente toutes les choses que l'on peut se reprocher, mais que l'on arrive pas – ou que l'on ne veut pas – voir. C'est le stade ultime du déni. Il n'y a pas de dimension ni de références religieuses. C'est plutôt une forme sévère de dépression ; comme si les gens restaient figés dans ce qu'ils ont de pire... Émile est sans cesse au bord du précipice, car il ne parvient pas à faire face à ce qui lui fait le plus mal. Il a trouvé le bon moyen pour se protéger de ce qu'il ne veut pas voir. C'est exactement comme cela que fonctionne le déni.
 
Comment avez-vous géré les problématiques inhérentes au huis-clos ?
C'est une contrainte avec laquelle j'aime m'amuser. La Maison aux souvenirs était aussi un huis clos. Cela permet immédiatement de dégager une atmosphère. Pour que les lecteurs ne soit pas trop désorienté dans le dédale de l'hôtel, j'ai essayé de donner une ambiance propre à chaque pièce importante. Il ne fallait pas que le décor prenne le dessus en devenant un labyrinthe, car le but était avant tout de se perdre dans l'histoire d’Émile. D'ailleurs, mes personnages peuvent échapper à ce huis clos, notamment par le biais des scènes dans la forêt et sur la plage.
 
Pour ce livre, vous avez choisi un format très immersif, avec une forte pagination. Pourquoi ?
C'est comme cela que je voyais l'histoire. C'est un format contraignant, mais je l'ai choisi en toute connaissance de cause, car il permet aux lecteurs de s'imprégner du décor, des personnages, de l'intrigue. Pour mon prochaine album, dont je ne signerai pas le scénario, je ne dépasserai pas 80 pages. Pour y parvenir, je vais utiliser des artifices, en l'occurrence celui d'avoir plus de narratifs via une voix off. Il est toujours possible de faire passer les informations par le texte ou l'image. Mais pour Le Dernier quai, c'est la seconde option qui m'est apparue comme la plus naturelle.

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