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Interview de Philippe Charlot pour La Chambre des officiers !
À l'occasion de la sortie de notre adaptation en bande dessinée du roman La Chambre des officiers, découvrez notre interview du scénariste Philippe Charlot !
 
Vous publiez à quelques semaines d’intervalle Le Royal Fondement et La Chambre des officiers. Deux récits très différents l’un de l’autre, mais qui ont au moins un point commun de taille : leur dimension historique. Cet intérêt pour le passé est-il devenu votre marque de fabrique ?
Philippe Charlot : J’ai écrit quelques récits contemporains... Mais cela ne m’amuse pas beaucoup, en fait. Ce que je préfère dans mon travail, c’est toute la partie documentation. Je lis des choses à côté desquelles je serais peut-être passé dans d’autres circonstances. Durant plusieurs mois, je me plonge dans un certain milieu, une certaine époque. Quand je parle de l’actualité, j’ai le sentiment d’apprendre moins de choses, car je baigne dedans. Et puis, pour moi, une histoire commence toujours par : « Il était une fois... » Elle s’inscrit dans le passé. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme cela.
 
Êtes-vous à l’origine de l’adaptation de La Chambre des officiers ?
PC : C’est Hervé Richez qui m’a proposé ce projet, en pensant que l’époque pouvait m’intéresser. Grand Angle a signé un contrat avec JC Lattès, et souhaite adapter certains livres de leur catalogue. La Chambre des officiers en fait partie. L’exercice m’a beaucoup plu. J’ai trouvé cela passionnant à faire. Entrer dans l’histoire d’un autre, je n’avais encore jamais fait. C’est très particulier. Il est fascinant de décortiquer un roman, je veux dire d’un point de vue scénaristique. On voit les ressorts narratifs. On constate aussi que certaines contraintes incontournables du scénariste de bande dessinée sont absentes du quotidien du romancier. La mécanique n’est pas la même. On sent bien que l’essentiel n’est pas placé au même endroit. En bande dessinée, le scénario est très mécanique ; tout doit s’emboîter parfaitement. Le roman autorise une liberté que je ne peux pas avoir.
 
Dans quelle mesure avez-vous cherché à rester fidèle à l’œuvre d’origine ?
PC : Au niveau des événements et du déroulement de l’histoire, nous sommes restés le plus proche possible du roman. Il ne m’est même pas venu à l’idée d’intervenir à ce niveau-là. Je me mettais à la place de Marc Dugain, qui devait croiser les doigts pour que nous ne cochonnions pas son livre. Évidemment que l’adaptation induit une certaine réécriture. La bande dessinée et le roman sont deux médiums très différents et, en tant qu’auteur de BD, je me suis très vite retrouvé face à une contrainte de place. Il faut synthétiser, sans jamais perdre de vue ce qui est essentiel. C’est ce défi qui fait l’intérêt de l’exercice. Du coup, nous raccourcissons des scènes, nous en mélangeons d’autres, afin de glisser certaines informations importantes entre deux portes. Cela nous a aussi obligés à nous poser des questions auxquelles Marc Dugain ne s’est certainement pas intéressé. Le meilleur exemple étant celle de savoir quand Adrien – le personnage principal – porte un masque et quand il n’en a pas. Dans le roman, ce n’est pas toujours précisé. Mais en bande dessinée, on ne peut pas éluder ce sujet.
 
Marc Dugain est-il beaucoup intervenu ?
Très peu. Il nous a laissés libres. Nous nous sommes mis d’accord sur le principe de faire une bande dessinée grand public, qui serait également abordable pour les plus jeunes. D’où le choix d’Alain Grand pour la mise en images. Pour le reste, Marc Dugain nous a donné deux ou trois consignes, plutôt légères. Il a été particulièrement attentif à la manière dont Alain envisageait de dessiner la blessure d’Adrien, certainement par respect pour son grand-père. Il tenait aussi à ce que nous gardions bien en tête que son livre est avant tout une histoire d’amitié. Ce que j’avais bien ressenti en lisant le roman.
 
La Chambre des officiers constitue votre première collaboration avec Alain Grand. Comment votre duo s’est-il formé ?
PC : Pour une fois, c’est moi qui ai proposé un dessinateur à Hervé Richez. Nous nous étions croisés en festival il y a quelques années. Alain avait déjà réalisé une adaptation d’un roman de Marc Lévy, qui s’appelle Les Enfants de la liberté. Nous avions eu l’occasion de discuter de cette expérience, qu’il avait beaucoup appréciée. Du coup, quand Hervé Richez m’a lancé sur l’adaptation de La Chambre des officiers, je lui ai rapidement soumis le nom d’Alain Grand. N’ayant pas de projet au long cours sur le feu, il était disponible pour se mettre immédiatement au travail. Il se trouve qu’en plus il vit à 1h30 de chez moi, ce qui nous a permis de nous voir.
 
Alain Grand cochait même une case supplémentaire pour ce projet, n’est-ce pas ?
PC : Effectivement, il se trouve qu’il existait tout un pan de la vie d’Alain que je ne connaissais pas. Dans un premier temps, il a été chirurgien-dentiste, son approche était donc intéressante car plus médicale. De plus, il a travaillé dans l’armée pendant son service militaire. C’est à cette occasion qu’il a côtoyé l’une des dernières gueules cassées. Alain était donc le dessinateur idéal pour La Chambre des officiers !

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