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RENCONTRE avec l’auteur Philippe PELAEZ, scénariste de AIR !

08/08
RENCONTRE avec l’auteur Philippe PELAEZ, scénariste de AIR !
Air est une dystopie qui se déroule dans les années 30, pourquoi situer l’intrigue dans le passé ?
C’est une idée de Francis, qui voulait placer le récit dans une sorte de réalité alternative se déroulant dans les années 1920 ou 1930, un peu dans le style du film Metropolis de Fritz Lang. Nous ne sommes pas dans une uchronie, c’est-à-dire l’histoire telle qu’elle aurait pu être et qu’elle n’a pas été. Ce n’est pas non plus du steampunk qui mélange plus l’esthétique de l’époque victorienne et de la révolution industrielle avec des éléments de science-fiction et de fantastique. Ici, nous sommes clairement dans une dystopie : une société imaginaire gouvernée par un pouvoir totalitaire.
 
Avec les problèmes climatiques actuels et la disparition des forêts, la peur du manque d’oxygène est un sujet préoccupant pour nos sociétés, c’est l’actualité qui vous a inspiré ce scénario ?
Je dois avouer que non, même si au fur et à mesure de l’écriture et de mes recherches sur le permafrost (ou pergélisol), je me suis vraiment interrogé sur les graves conséquences que pourrait entraîner le réchauffement climatique sur le dégel de ces surfaces qui représentent quand même un quart des terres émergées. Elles contiennent des microorganismes qui datent parfois de plusieurs millions d’années. Ce sont des organismes vivants, souvent des agents pathogènes que l’on appelle des «virus zombies» qui peuvent se réveiller et se propager dans les écosystèmes en cas de dégel. Le permafrost recèle aussi plusieurs milliards de tonnes de méthane et de dioxyde de carbone. C’est non seulement une bombe à virus, la plupart inconnus, mais aussi une bombe à carbone qui représente une menace avec le réchauffement climatique.
 
Devons-nous nous préparer à un scénario catastrophe ou accordez-vous un peu d’espoir à cette société ?
Le propre de l’homme est d’oublier son histoire et de répéter toujours les mêmes erreurs. Je ne suis pas l’individu le plus pessimiste de la Terre, mais je pense que l’on devrait sérieusement commencer à s’inquiéter. Les enjeux industriels sont tels que toutes les bonnes volontés ont du mal à faire entendre leur voix. Ce n’est pas être écologiste, c’est être réaliste et capable de se remettre en question, de réinterroger notre mode de vie. Reprenons l’exemple du permafrost : il contient également des minerais précieux, et les États commencent à se battre pour en obtenir l’exploitation, au mépris du danger que cela représente.
 
Pensez-vous que ce scénario (la monétisation de l’oxygène) pourrait réellement exister ?
e ne sais pas, et je ne l’espère pas. Par contre, la monétisation de l’eau, elle, a déjà commencé…
 
C’est votre quatrième collaboration avec Francis Porcel. Peut-on parler de véritable coup de cœur professionnel ?
Oui, complètement. C’est une collaboration qui se déroule sans accrocs, avec beaucoup d’estime et de respect pour le travail de l’un et de l’autre. Nous nous sommes rarement rencontrés, mais à chaque fois, j’ai l’impression de retrouver un vieil ami. Et puis Francis sait s’adapter à ce que j’écris, et surtout, à imprégner mon univers du sien. Et vice versa, d’ailleurs : il voulait dessiner des bathyscaphes, des sous-marins, des océans, des scaphandriers, alors je lui ai dit : « Ben tiens, je vais t’écrire une histoire qui s’appellera Air… » C’est ça la confiance !
 
On a l’impression que son trait s’adapte parfaitement à vos histoires. Comment travaillez-vous tous les deux ?
Je laisse Francis très libre de ses choix, je n’interviens que rarement. Il n’y a pas, ou en tout cas rarement, d’étape storyboard, puis crayonnés, encrage et couleurs. Francis envoie ses planches quand elles sont finies, et les retouches sont minimes. J’ai une totale confiance en son travail, et cela ne l’empêche pas, lui, de me donner son avis sur certains passages de l’histoire et sur les ajustements que l’on pourrait faire. Nous sommes très flexibles, tous les deux.

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