Rencontre avec l’auteur Vìctor L. PINEL :
Comment avez-vous eu l’idée de ce récit choral ?
Il y a quelques années, j’ai dessiné une histoire en une planche qui montrait un échiquier avec des personnages qui se liaient les uns aux autres, comme dans une sorte de microcosme, pendant une soirée en discothèque. Tous voulaient draguer et trouver une relation avant la fin de la soirée.
L’histoire faisait partie d’un petit projet que j’avais en guise d’entraînement, un projet dans lequel j’essayais de créer une histoire par jour. La forme était plus importante que le contenu, et les histoires naissaient de façon spontanée. Le plus important pour moi était de finir chaque histoire en une seule journée.
Ça n’a duré que quelques mois, mais j’ai gardé cette idée de l’échiquier, et j’ai voulu en faire une histoire plus longue. Pendant toutes ces années, beaucoup de choses ont changé : l’histoire a évolué et est allée au-delà de la discothèque. Mais l’idée générale est restée la même : la vie et les relations humaines comme dans une partie d’échecs.
Pourquoi avoir utilisé la métaphore du jeu d’échecs pour la vie de vos personnages ?
Même si je ne suis pas un joueur expert, j’ai toujours aimé les échecs. J’aime l’idée que chaque pièce est différente, chacune a ses propres conditions de déplacement, ses avantages et ses faiblesses. J’aime surtout la façon dont tout s’entrelace afin que chaque pièce trouve sa place et son moment dans la partie. Même la pièce la plus insignifiante peut être décisive à un moment donné, car elle fait partie d’un tout.
D’une certaine façon, je trouve que tout cela ressemble beaucoup aux relations des êtres humains. Je ne crois pas au destin, ni à l’idée que tout est écrit à l’avance, mais je crois au fait que chaque fois qu’il se passe quelque chose, beaucoup de pièces ont dû s’imbriquer pour en arriver là.
Et si on change une pièce, il se peut que le résultat soit complètement différent.
Comment avez-vous construit les liens entre vos personnages qui sont tous connectés sans même le savoir ?
Afin que tout soit bien calé il fallait être dans le détail.
Lorsqu’on travaille l’histoire d’un personnage, on doit s’assurer que l’on n’a rien oublié des autres histoires.
Très souvent il faut arriver à la fin d’une histoire, puis revenir au début, pour la regarder d’un autre point de vue.
Parfois on le fait en partant de l’histoire du personnage, d’autres fois des interactions avec les autres personnages, et d’autres en se demandant de quelle façon cette histoire affecte l’histoire du personnage X ou Y… Cela fait beaucoup d’allers-retours pour s’assurer que tout est bien entrelacé.
Quels sont les messages ou les thèmes que vous souhaitez transmettre à travers votre bande dessinée ?
Du fait que c’est une histoire chorale, il est difficile de mentionner un seul sujet.
On parle de succès et d’échecs, de la fidélité, des mensonges, des applications pour draguer, de la masculinité toxique… Il y a plein de sujets secondaires qui servent à donner une forme à un message plus global : les relations personnelles sont vraiment compliquées, et on essaie tous de faire du mieux qu’on peut.
Et surtout, quoi qu’il arrive dans une relation, aussi douloureuse qu’elle puisse être, cela vaut toujours le coup de la vivre.
A paraître le 23 Aout !